Les conflits commerciaux, l'incertitude géopolitique et la marge de manœuvre politique limitée sont à l'origine de la stagnation mondiale. Nous estimons la croissance mondiale à seulement 2,5 %. Il s'agit du niveau le plus bas depuis la crise financière de 2008 (en dehors des années de récession). La croissance de l'économie européenne quant à elle dépassera à peine 1 % en 2025 et 2026 (2025 : +1,2 %, 2026 +1,1 %).

Cet article contient :

  • Les conflits commerciaux, l'incertitude géopolitique et la marge de manœuvre politique limitée sont à l'origine de la stagnation mondiale, les économies développées étant particulièrement à la traîne.
  • Alors que les marchés émergents tels que l'Inde, le Viêtnam et certaines régions d'Amérique latine connaissent une croissance relativement robuste, les États-Unis et la zone euro sont à la traîne.
  • L'incertitude liée aux droits de douane américains compromet la reprise du commerce mondial et crée un climat d'investissement instable dans le monde entier. 

L'UE est confrontée à l'accumulation de plusieurs incertitudes : tensions commerciales, augmentation des dépenses de défense, hausse des rendements des obligations d'État et retard dans l'utilisation des fonds NGEU (Next GenerationEU, plan de relance temporaire de plus de 800 milliards d'euros destiné à rendre l'Europe plus verte, plus numérique et plus résiliente après la crise COVID). Avec l'augmentation des mesures protectionnistes américaines et la menace de nouveaux cycles tarifaires, la position de l'UE en matière d'exportation est soumise à de fortes pressions.

Les écarts de croissance au sein de l'UE sont importants. L'Allemagne, traditionnellement le moteur économique de l'Europe, reste bloquée à une maigre croissance de +0,1 % en 2025 et de +1,0 % en 2026. L'Allemagne sort toutefois de la récession. La France (2025 : +0,6 %, 2026 : +1,1 %) et l'Italie (2025 : +0,6 %, 2026 : +0,8 %) souffrent de la faiblesse de la demande intérieure et de l'instabilité politique, tandis que l'Espagne continue d'enregistrer des résultats supérieurs aux attentes grâce au tourisme et à l'utilisation efficace des fonds de relance de l'UE (2025 : +2,2 %, 2026 : +1,8 %).

Pays-Bas

La croissance de l'économie néerlandaise est similaire à la moyenne de l'UE. Cette croissance est principalement due à la résistance de la consommation privée et à la robustesse des dépenses publiques, soutenues par un marché du travail solide et une situation fiscale saine. Toutefois, la position des exportations reste vulnérable aux distorsions du commerce mondial, telles que les droits de douane américains sur les produits stratégiques (pièces automobiles, semi-conducteurs, etc.). Les Pays-Bas bénéficient d'un niveau élevé de numérisation et d'innovation, et peuvent utiliser efficacement les subventions de l'UE par le biais du programme NextGenerationEU (NGEU), en particulier pour les transitions vertes et numériques.

Belgique

La Belgique est confrontée à des défis structurels plus complexes, qui freinent la croissance. Les prévisions pour l'économie belge sont d'environ +0,6 % en 2025, avec une légère amélioration en 2026 en fonction de la stabilité politique et de la réalisation des investissements. Le principal défi est la dette publique élevée et l'augmentation du déficit budgétaire. Cela limite la marge de manœuvre pour les investissements nécessaires (défense, infrastructure, énergie). L'industrie belge orientée vers l'exportation, comme celle des Pays-Bas, est sensible aux barrières commerciales internationales et à un euro potentiellement cher.

Luxembourg

En tant que centre financier européen, le Luxembourg bénéficie d'afflux de capitaux en période d'incertitude mondiale. La croissance économique devrait se situer entre +1,0 % en 2025 et +2,0 % en 2026. Ces chiffres ont récemment été revus à la baisse, principalement en raison de la diminution des exportations et des investissements, mais ils restent positifs. La dette nationale relativement faible donne au Luxembourg une plus grande marge de manœuvre politique que beaucoup d'autres pays européens

L'économie mondiale est au début d'une phase difficile. Après des années marquées par les conséquences des pandémies, la hausse de l'inflation et les chocs géopolitiques, le paysage macroéconomique semble fragile pour 2025-2026. Les États-Unis, malgré un bref apaisement des tensions commerciales avec la Chine, continuent de lutter contre une inflation alimentée par des droits de douane élevés et un marché du travail tendu. La croissance économique américaine retombe à 1,6 % par an, tandis que le déficit budgétaire se rapproche d'un niveau alarmant de 8 % du PIB. La Réserve fédérale reste prudente pour l'instant. Une baisse des taux d'intérêt n'interviendra pas avant la fin de l'année 2025. La politique monétaire américaine reste donc restrictive pour le moment.

La Chine reste l'un des principaux moteurs de croissance de l'économie mondiale en 2025 et 2026, même si le rythme de croissance est nettement plus modéré qu'au cours de la dernière décennie. Nous prévoyons croissance économique de 4,5 % en 2025, avec un léger fléchissement à 4,2 % en 2026. Ces prévisions reflètent un exercice d'équilibre de la part du gouvernement chinois : d'une part, il s'engage fermement à stimuler l'économie nationale par des mesures de relance budgétaire et des baisses progressives des taux d'intérêt, tandis que d'autre part, le gouvernement chinois tente d'éviter que le pays ne devienne trop dépendant de la demande extérieure ou d'une nouvelle expansion malsaine du crédit.

La récente pause commerciale avec les États-Unis a temporairement limité le risque d'une nouvelle détérioration des exportations, ce qui permet d'axer davantage la politique sur la consommation intérieure. Dans le même temps, le pays souffre de vulnérabilités structurelles qui réduisent le potentiel de croissance, telles que la crise immobilière en cours, la faible confiance des consommateurs et le vieillissement démographique. La Chine est en train de passer d'une croissance axée sur l'investissement à un modèle de croissance plus équilibré et durable, mais cette évolution est fragile et dépend fortement de l'efficacité avec laquelle les politiques intérieures seront mises en œuvre dans les années à venir.

En ce qui concerne les marchés émergents, nous sommes modérément positifs, bien que la situation varie considérablement d'une région à l'autre. L'Inde et le Viêtnam font partie des grandes économies à la croissance la plus rapide au monde, avec des taux de croissance supérieurs à 6 %. Ils bénéficient d'un routage commercial dû à la détérioration du climat économique entre les États-Unis et la Chine. En Amérique latine, en Afrique et dans certaines parties de l'Asie du Sud-Est, la situation est plus contrastée. Certains pays, comme le Brésil et les Philippines, font de solides progrès, tandis que d'autres, comme la Colombie, continuent de lutter contre les risques budgétaires et l'incertitude politique.

Compte tenu de la persistance d'un environnement incertain et d'une reprise limitée, les défaillances mondiales continueront également d'augmenter au cours des deux prochaines années. Après une hausse de 10 % en 2024, nous prévoyons une augmentation de 7 % en 2025 et de 3 % en 2026 pour 2025. Cela se traduirait par 5 années consécutives de hausse des taux d'insolvabilité (2022 - 2026). Au niveau national et international, les entreprises sont confrontées à des retards de paiement de plus en plus importants et le risque de défaillance augmente.

Les conflits commerciaux, l'incertitude géopolitique et la marge de manœuvre politique limitée sont à l'origine de la stagnation mondiale.

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