En dépit d’une inflation relativement élevée et d’un niveau de confiance très faible des consommateurs, ceux-ci continuent de dépenser plus d’argent qu’on ne l’avait envisagé précédemment. En particulier pour l’achat d’articles non alimentaires plus coûteux. Ces dépenses ne suffisent pas à maintenir le retail à flot. L’assureur-crédit Allianz Trade a mené une étude sur la situation du secteur du retail en Europe et met en garde contre une vague de faillites.

Johan Geeroms, Director Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade, déclare à propos des dépenses des ménages : « La situation est paradoxale. L’épargne est abondante et les dépenses consacrées aux besoins quotidiens tels que l’alimentation, l’électricité et l’essence sont nettement moindres. Cependant, dans le même temps, on constate une hausse des dépenses consacrées à l’achat de voitures, d’appareils électroménagers, de meubles ainsi que de vêtements et de jouets. Cette hausse n’est pas considérable (il s’agit de pourcentages à un chiffre), mais on pourrait s’attendre à ce que l’inflation et les craintes d’un ralentissement économique donnent également un sérieux coup de frein aux dépenses consacrées à ces catégories de produits. Tel n’a pas été le cas. »

Aux Pays-Bas, le Bureau Central pour la Statistique (CBS) a calculé que le chiffre d’affaires du secteur du retail avait globalement augmenté de 4,6 % en mai. Si l’on considère le volume (la quantité de marchandises vendues), on constate une baisse de 7,5 % par rapport à l’année précédente. Johan Geeroms : « On observe ici à nouveau une réduction des dépenses. C’est particulièrement vrai pour les produits de première nécessité. Dans ce domaine, les hausses de prix ont été extrêmes. L'inflation a frappé de plein fouet les revenus les plus faibles".

Il est intéressant de noter que l’étude européenne de Allianz Trade montre que dans des pays comme l’Allemagne et la France, la croissance des revenus des ménages a dépassé l’inflation (de 1,7 point de pourcentage en Allemagne et de 2,9 points de pourcentage en France entre fin 2019 et fin 2022). "Cela explique pourquoi les dépenses des ménages ont augmenté. C'est surtout sur les produits non primaires que cet argent a été dépensé."

La croissance des dépenses n'a pas réussi à apaiser les inquiétudes dans le secteur du retail. « Au contraire. Nous prévoyons une période très difficile. Le fait que les dépenses des ménages résistent est une aubaine pour le secteur. Si tel n’était pas le cas, le tableau serait vraiment très sombre. Le secteur du retail a un grand nombre d’autres préoccupations. Il suffit de penser aux pénuries de personnel, à l’augmentation des salaires, à la hausse des coûts de l’énergie. Pour de nombreux produits, ces coûts plus élevés ne peuvent pas être simplement répercutés sur les prix. Ainsi, il n’est pas impossible qu’ils affectent les ventes et entraînent une perte de parts de marché.

L'assureur-crédit Allianz Trade constate, à l'instar du CBS, une augmentation générale du chiffre d'affaires. Geeroms : "C'est uniquement dû aux augmentations de prix. Si l'on regarde le volume, on constate une baisse. De nombreux retailers vont mal, même s'ils constatent une augmentation de leur chiffre d'affaires. Nombre d'entre eux sont aux prises avec un stock important qui peut les obliger à entrer sur le marché à des prix de dumping. Dans tous les cas, ils sont en baisse".

Johan Geeroms évoque également d’autres points noirs. « L’approvisionnement en produits est un sujet brûlant depuis la crise du coronavirus. De nombreuses entreprises de retail recherchent des solutions plus proches de chez elles. Mais cela aussi a des conséquences directes sur les prix et sur les marges. Si votre concurrent continue d’acheter à bas prix en Asie, vous êtes perdant. »

Face à la hausse des coûts, les enseignes de retail européennes ont de plus en plus de mal à garder la tête hors de l’eau. « Pour l’instant, la croissance reste faible. Nous ne nous attendons pas à ce que les dépenses augmentent de manière substantielle avant le second semestre de 2024. Financièrement, les entreprises sont en difficulté. Elles n’ont pas les moyens de réaliser les investissements nécessaires. Pensons à la numérisation, par exemple. Pour opérer en ligne, il faut être visible. C’est là que commence la recherche du consommateur. La numérisation est fondamentale. Il y a encore tellement de commerces en Europe qui ne s’y sont pas encore mis. »

Johan Geeroms cite les grandes entreprises de retail qui ont récemment connu des difficultés, comme les marques de mode Scotch & Soda, le Groupe Score, le fabricant de vélos VanMoof, et au début de cette année, la faillite du groupe Makro en Belgique.

 « Selon notre service d’étude, la probabilité de faillites majeures (entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros) a fortement augmenté. L’année dernière, 16 groupes représentant un chiffre d’affaires total de plus de 5 milliards d’euros ont disparu du paysage, et la tendance s’accélère. Rien qu’au cours du premier trimestre de cette année, 11 entreprises représentant 2,4 milliards d’euros ont disparu. Ce sont précisément ces grandes chaînes et marques qui ont besoin d’investir beaucoup. Souvent, elles sont déjà lourdement endettées. En raison de la hausse des taux d’intérêt, en plus de toutes les autres augmentations de coûts, il devient de plus en plus difficile pour ces entreprises de respecter les obligations. » Selon Allianz Trade, les chaînes de mode, les grands magasins et les spécialistes du commerce en ligne sont les plus menacés.

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